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Les appréciations

Sylvain Bergeron

Luths de classe avec Sylvain Bergeron : une invitation au salon du roi

Dans la série Grands classiques, Diffusions Amal'gamme présentait Luths de classe, le samedi, 10 mai 2025, à la salle de spectacle Saint-François-Xavier de Prévost. Sylvain Bergeron, un luthiste doté d'une intelligence musicale et d'un phrasé impeccable.

Le théorbe et l'archiluth occupent la scène. Le théorbe est un instrument né en Italie à la fin du seizième siècle. Il ressemble à un grand luth avec un long manche prolongé et de longues cordes graves à vide. Sa voix est chaude, grave et enveloppante. L'archiluth est apparu un peu plus tard. Il conserve le corps d'un luth, mais le manche est moins allongé. Il a surtout été utilisé en Allemagne et en France au dix-septième siècle. Il est plus proche du luth classique.

La musique nous entraîne dans un univers hypnotique, une ambiance presque méditative. Les instruments dégagent une vibration subtile. On a l'impression d'être invité dans un salon du dix-septième siècle. Le soliste qui s'exécute dans un décor minimaliste sait capter l'attention avec finesse.

Le répertoire est centré sur des œuvres de la renaissance et du Baroque. Alessandro Piccinini (1566-1638) et Chiaccona in partite variate, pièce emblématique pour le répertoire du théorbe. Le style est baroque italien, riche en ornementation. La pièce oscille entre la méditation et la danse. Elle crée une ambiance portée par les résonnances généreuses du théorbe. Une broderie sonore.

Robert de Visée (vers1655-après 1732) est l'un des grands maîtres français du luth. Il était musicien à la cour de Louis XIV, jouant pour le roi dans les soirées et même dans les appartements du roi. La pièce choisie est Suite Royale. Le style est très chantant avec une ligne mélodique claire. Sa musique a une clarté poétique, une lenteur expressive. C'est un style intérieur comme un murmure au cœur.

La deuxième partie nous a fait entendre des pièces tirées de G.A. Doni, un compositeur italien qui a cherché à revitaliser les pratiques musicales de l'Antiquité. J.S. Bach (1685-1750), avec la Suite BWV 1007, dont Prélude, la plus célèbre.

Les instruments que nous avons entendus ont une palette sonore très douce et homogène. Le timbre ne varie pas autant qu'un piano, un violon ou la voix humaine. Après un certain temps, rien ne vient rompre la continuité. Dans une écoute continue, cela peut donner une impression de plaine sans relief. Nous sommes habitués à une grande diversité sonore, à des contrastes clairs. La musique ancienne demande une écoute contemplative qui peut fatiguer l'oreille moderne.

Ce concert de théorbe et d'archiluth solo, visuellement très sobre, un musicien assis et peu de mouvement aurait certainement profité d'une durée plus courte, d'éclairages poétiques variés, d'un duo avec voix, viole ou flûte pour en enrichir l'écoute.

Carole Trempe