Odyssée Tango : S U B L Î M E et le mot est faible!
Dans la série Grands classiques, présentée par Hydro-Québec, Diffusions Amal'Gamme proposait, le 18 septembre 2021, Stéphane Tétreault et Denis Plante dans Odyssée Tango à la salle de spectacle St-François-Xavier de Prévost. Un duo qui tient de l'audace certes, et surtout du génie, de la passion, du romantisme et de l'immense talent des deux virtuoses. Ils collaborent ensemble depuis 2018, réunis par un coup de foudre musical qu'ils nous partagent avec une intelligence sensible hors du commun.
La salle était comble et à son comble. La saison commence en lion. Je suis désolée pour ceux qui n'ont pu assister à cet extraordinaire concert.
Le virtuose Stéphane Tétreault joue sur un violoncelle fabriqué par Antonio Stradivarius, il y a plus de trois siècles. Il s'est retrouvé entre ses mains après le décès du violoncelliste Bernard Greenhouse qui en a eu la propriété pendant cinquante-quatre ans. Ce violoncelle porte le nom de Paganini, Comtesse de Stainlein et il a été acheté par une mécène de Montréal pour la somme de six millions de dollars.
Denis Plante, auteur, compositeur, arrangeur et virtuose de bandonéon. C'est un instrument à vent et à clavier originaire d'Allemagne qui s'ouvre des deux côtés et qui possède un répertoire très vaste oscillant entre sa culture initiale populaire argentine -le tango- et des transcriptions de musique classique. Sa tessiture possède un Do grave comme celui du violoncelle. Un instrument surprenant et clairement rempli de multiples possibilités pour notre grand plaisir.
Ainsi, nos protagonistes nous ont emmenés ailleurs. Ils étaient tous deux heureux de se retrouver après la pandémie pour rejouer ensemble. Le respect, l'amitié et la complicité entre ces artistes étaient palpables. Le programme qu'ils ont proposé comportait des œuvres traditionnelles de tango, des œuvres populaires et classiques. Il faut un brin de créativité et d'innovation pour faire vibrer un Stradivarius sur cette musique. Il faut aussi beaucoup d'humilité - ils en ont- et surtout un talent de musicien qui tient du divin. Oui, je dis bien du divin. Parce que jouer de la sorte requiert des habiletés artistiques qui ne peuvent puiser leur enracinement que dans le Sacré. Cette musique nous a permis de nous élever à un niveau qui excède toute représentation de la langue ou du genre utilisé. Chacune des pièces a porté l'extrême musicalité des deux interprètes dans un univers de sons sublîmes garnissant l'atmosphère, l'espace de la salle et surtout chacune des cellules de notre être, de notre âme. Quelle musique, mais quelle belle musique! Et quels fabuleux musiciens! Sincèrement, je crois que le vocabulaire des mots ne peut rendre justice à ce que nous avons vécu et entendu.
Proposant des compositions de Piazzolla (Libertango, Adios Nonino) à Johann Sebastian Bach/Charles Gounod (Ave Maria, arrangement Denis Pante), en passant par Gardel (Por Una Cabeza - entendu dans le film Sent of a Woman -) et Adios Muchachos, le premier tango joué au Québec et popularisé par Alys Roby) et par les compositions Denis Plante (Suite Tango,Ménage à trois,Le Fou), nous avons vécu une panoplie d'émotions soutenues.
Comme il fut bon de partager avec plusieurs personnes, un concert de ce niveau après la pandémie qui nous a souvent laissés dans un désert de culture. Parlant de culture, je tiens à remercier et à féliciter Diffusions Amal’Gamme. Vous faites vraiment LA différence dans notre environnement culturel.
Carole Trempe